Safety - Waldeinsamkeit

    Waldeinsamkeit (prononcé val-tayn-zam-kayt) est un mot allemand, traduisible en «la plénitude éprouvée avec la nature quand on se promène en forêt». « Waldeinsamkeit » désigne le sentiment ou l’état d’être seul dans une forêt, accompagné d’une profonde paix intérieure, d’une contemplation et parfois d’une touche de mystère ou de mélancolie. Ce n’est pas une solitude négative (comme l’isolement douloureux), mais une quête spirituelle, où l’on se sent en communion avec la nature environnante. Waldeinsamkeit est le terme parfait qui désigne mon état psychologique et sensoriel avec ces ballades de chants oiseaux, le bruissement des feuilles, l’odeur de la mousse, le grincement des arbres, la forêt devient un sanctuaire, un miroir de l’âme. C’est une invitation à s’égarer volontairement, à humer l’odeur terreuse du sous-bois, à laisser le monde derrière soi pour se retrouver, enveloppé par l’étreinte vivante de ces forêts que je foule à pas de velours, pour ne déranger aucun de ces habitants. C’est une séparation temporaire du monde des humains du bruit de font qui me parasite et me disperse au quotidien.

La Série Safety : Une Histoire de Polaroïd

L’esthétique de la série

Dans cette collection, chaque photographie arbore son propre numéro de série, inscrit comme un clin d’œil aux Polaroïds d’autrefois. Le cadre beige qui les entoure n’est pas un simple hasard : il évoque le bord caractéristique de ces instantanés d’usine. Plus qu’un détail, il adoucit l’ensemble, offrant une chaleur qui contraste avec la froideur des machines et fait ressortir l’image au cœur du cadre. Pour moi, cette esthétique ne se contente pas de montrer : elle raconte une histoire, tissant un lien subtil entre la rigueur industrielle de mes débuts et la sensibilité artistique qui m’anime aujourd’hui.

L’Art du Hasard : Un Filtre d’Ocre Né d’un Soir 

La Petite Chronique d’un Soir Granuleux

Un soir des années 90, après le travail, j’ai découvert par hasard un effet granuleux ocre et rouge en posant une plaque de verre tachée de café sur un tirage Cibachrome, dans mon labo improvisé (ma salle de séjour). Utilisant un agrandisseur IFF Ampliator Color S2, je développais des diapositives de mon voyage aux Caraïbes. Intrigué par les taches colorées apparues, j’ai perfectionné cette technique en créant des plaques texturées. Ces filtres artisanaux donnaient une patine unique à mes photos. Plus tard, avec le numérique, j’ai scanné ces plaques pour les appliquer comme calques sur mes images. Ce procédé accidentel est devenu une signature, mêlant mon passé argentique à mon présent numérique.