Une nuit d'avril 2013, j'ai pris la décision de réaliser un reportage sur un thème profondément personnel. Cette idée m'est venue en repensant à mon père et à nos longues conversations. Il aimait raconter son enfance et le début de sa vie d'adulte en Algérie, dans les années 1940. Ses récits étaient toujours empreints de détails pittoresques et d'anecdotes colorées, capables d'effacer, l'espace d'un instant, le caractère dramatique de cette époque. Pourtant, cette période était marquée par la guerre contre le régime nazi, impliquant des événements difficiles, des tensions politiques et des bouleversements sociaux. L'Algérie, alors sous domination coloniale française, vivait des tensions palpables entre colons et population indigène. Mon père évoquait souvent les manifestations et les répressions violentes qui s'ensuivaient. Il se souvenait des couvre-feux imposés, des arrestations arbitraires, et des disparitions mystérieuses de certains de ses amis, qu'ils soient colons ou indigènes. Les conditions de vie étaient précaires ; l'accès aux soins de santé était limité, et la pauvreté était omniprésente. Quelques années plus tard, la guerre d'Algérie éclata, replongeant mon père dans une situation similaire à celle de la Seconde Guerre mondiale. Malgré ces difficultés, il parvenait à évoquer ces souvenirs avec une telle vivacité et une telle légèreté que l'on oubliait presque la dure réalité de ces années-là. Ses histoires étaient parsemées de moments de joie, comme les fêtes de village, les jeux d'enfants, et les petits plaisirs quotidiens qui apportaient un peu de lumière dans l'obscurité de la guerre. Ce contraste entre la gravité des événements et la manière dont il les racontait a été le déclencheur de mon projet. Je voulais explorer à travers mon reportage comment la mémoire collective et individuelle peut transformer la douleur en résilience, et comment les récits personnels peuvent révéler des vérités universelles sur la condition humaine. En retraçant les pas de mon père, je souhaitais non seulement honorer sa mémoire, mais aussi donner voix à une génération dont les expériences sont trop souvent oubliées ou mal comprises. Mais je n’ai jamais pu raconter l’histoire de mon père, il est parti quelques mois après notre première discussion.
À mon Père
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