1 Rue de la Fonderie

        Connue sous le nom de « Giassareï » – « fonderie » en alsacien – ou officiellement la S.A.C.M. (Société Alsacienne de Construction Mécanique), l’usine de Mulhouse s’élevait comme un monument de l’industrie régionale. Fondée en 1826, elle a traversé 170 ans d’histoire, incarnant l’innovation et le savoir-faire alsacien. Dès ses débuts, elle a propulsé Mulhouse au rang de centre économique majeur, participant activement à la révolution industrielle en Alsace. Spécialisée à l’origine dans les machines textiles, au service d’une région vouée au fil et au tissu, la S.A.C.M. a su se réinventer avec le temps. Elle s’est tournée vers la production de moteurs diesel robustes et d’équipements ferroviaires sophistiqués, élargissant son expertise pour répondre aux défis d’un monde en pleine transformation technologique. Cette adaptabilité a bâti sa réputation, faisant rayonner son excellence bien au-delà des frontières locales. Chaque matin, pendant plus de 20 ans, je franchissais le portail massif de cette usine imposante pour rejoindre mon poste. L’entrée, tout en métal, semblait promettre l’intensité de ce qui m’attendait à l’intérieur. Les ateliers grouillaient de vie : des dizaines d’ouvriers s’activaient dans un ballet de machines rugissantes, d’étincelles jaillissantes et d’effluves de métal brûlant. Leurs visages, fatigués, mais dignes, portaient la marque d’un labeur partagé. J’ai moi-même œuvré dans ces lieux vibrants, façonnant des pièces pour les moteurs diesel. Chaque composant que je préparais s’intégrait dans un ensemble plus vaste, un rouage vital pour ces machines puissantes. Ce travail, exigeant une attention soutenue, m’apportait une satisfaction profonde : voir une mécanique s’animer grâce à notre effort collectif était une récompense en soi. Mais l’usine était plus qu’un lieu de production ; elle formait une communauté soudée. Les ouvriers, de tous horizons, parlaient un langage commun de gestes techniques et de solidarité. Les anciens partageaient leur expérience avec les novices, perpétuant un savoir-faire précieux. Les pauses, fugaces, étaient ponctuées de rires, de cafés rapides et d’histoires sur la vie de l’usine. En 1995, un nouvel élan m’a saisi : j’ai commencé à photographier ces ouvriers avec un Nikon F des années soixante. J’éprouvais le besoin urgent de capturer leurs regards, de figer ces instants de vie face à l’usure du temps. La photographie est devenue mon outil pour honorer ces figures anonymes, marquées par le bruit assourdissant, la chaleur étouffante et la poussière omniprésente. Ces images révélaient les stigmates du travail – l’épuisement, les corps usés – tout en célébrant leur humanité. Cette série, né jour après jour, mêlait la rudesse du labeur à une beauté brute. 

« Cliquez sur l’image pour démarrer la vidéo et activer le son. »

* Webdesigner :  Humeur Créative *


 


Les images, textes et vidéos présentés sur ce site sont protégés par le droit d'auteur, en application des articles L.112-1 et suivants du Code de la propriété intellectuelle. Vous ne pouvez en aucun cas utiliser, copier, reproduire, modifier ou dénaturer ces œuvres ou les éléments qui les composent, y compris sur Internet, sans l'autorisation écrite et préalable de l'Atelier de la Photographie ou l'ayant droit. l'Atelier de la Photographie ou l'ayant droit se réserve le droit de poursuivre tout acte de contrefaçon de ses droits de propriété intellectuelle, y compris dans le cadre d'une action pénale. 


Plan du site          Mentions légales


Copyright © 2024 by Didier Chambon. all rights reserved